La figure de la femme guerrière est au cœur de ce programme que nous proposent Lea Desandre et l’ensemble Jupiter dirigé par Thomas Dunford. Les exemples de ces personnages féminins sont nombreux dans le répertoire baroque présenté. Ils sont autant d’occasions pour Lea Desandre d’exprimer tout son art dans la grande variété d’émotions éprouvées par les femmes qu’elle incarne ou évoque pour nous.

C’est LE chef d’œuvre de Haydn. La Création de l’univers nous est racontée suivant le Livre de la Genèse par trois anges depuis le Chaos initial jusqu’à la création de l’Homme. En résidence cette saison au Festival, Julien Chauvin et son ensemble le Concert de la Loge ont réuni, aux côtés du fameux Chœur de Namur, trois formidables chanteurs de la nouvelle génération pour cet oratorio créé à Vienne en 1799, en allemand. C’est Haydn lui-même qui a souhaité un remaniement de l’œuvre en français, porté par l’idée qu’il fallait que les auditeurs puissent suivre le déroulement de l’histoire biblique lors de sa présentation en France. Une version de l’œuvre que le Festival n’avait pas encore présentée.

L’ événement classique de cette édition : la 5ème symphonie de Beethoven sous la direction d’Andris Nelsons, l’un des plus grands chefs d’aujourd’hui. C’est la première venue au Festival de Saint-Denis de celui qui est l’actuel directeur musical du Boston Symphony Orchestra et de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Ce concert est également l’occasion d’entendre dans deux airs célèbres de Mozart et de Beethoven, la soprano allemande Christiane Karg, grande mozartienne qui s’est notamment fait connaître au Festival de Salzbourg. La Nuit transfigurée, œuvre fascinante, d’un romantisme tardif, composée par un Schönberg de 25 ans bien avant sa période dodécaphonique, complète ce programme porté par les exceptionnels musiciens du Mahler Chamber Orchestra.

Un programme de musique française « à parité » où Ravel, Chausson et leurs célèbres trios côtoient les œuvres de compositrices récemment remises à l’honneur mais encore largement méconnues telles que Lili Boulanger ou Mel Bonis. Lili Boulanger connut le succès de son vivant et fut la première femme à remporter le premier Grand Prix de Rome de composition musicale en 1913. Quant à Mel Bonis, elle fut encouragée par César Franck et elle nous laisse près de 200 œuvres à découvrir. Ce très beau programme est interprété par le Trio Sōra dont le premier album consacré à Beethoven a été salué unanimement par la critique française et internationale.

Dans cette Pasión, Judas est l’apôtre préféré de Jésus, celui qui trahit non par intérêt mais pour libérer, à sa demande, le Christ de son enveloppe charnelle. Portrait musical de son compositeur, le chef d’orchestre Leonardo García Alarcón, cet oratorio trouve son inspiration principale dans Bach mais puise aussi avec bonheur dans la musique argentine grâce aux bandonéon et marimba tout en offrant une très large place à la trinité des personnages féminins. Une Passion résolument actuelle !

On ne présente plus Gregory Porter, l’une des voix les plus envoûtantes de notre temps, une voix unique, incroyable de justesse et de musicalité. Dans cet hommage à Nat King Cole, « crooner » mythique du 20ème siècle, Porter ressuscite l’incroyable charme de celui qui demeure l’une de ses influences principales. Pour son retour à Saint-Denis – son précédent concert date de 2019 – il en interprète tous les plus grands standards, accompagné par l’un des orchestres amis du Festival, l’Orchestre national d’Île-de-France dirigé par la talentueuse cheffe Fiona Monbet.

C’est l’une des découvertes lyriques de ces dernières années. Originaire de Trinité-et-Tobago, formée à la Manhattan School of Music de New York, Jeanine De Bique enchante le public des salles où elle se produit par sa belle voix chaude et son expression dramatique exceptionnelle. À l’automne dernier, elle s’est d’ailleurs vu décerner une prestigieuse récompense, l’Opus Classik Award dans la catégorie « solo recording opera » pour le programme de ce récital, enregistré avec l’un des meilleurs orchestres de chambre européens, le Concerto Köln que nous avons également la chance d’accueillir à ses côtés. Dans ce programme, Jeanine De Bique incarne pour nous différentes figures féminines, des reines, des héroïnes, Cléopâtre, Rodelinda ou encore Alcina… présentes à la fois dans des opéras de Haendel mais aussi chez ses contemporains. Elle nous livre leurs émotions, leurs passions. Son interprétation est toujours juste, ses vocalises et ses aigus filés sont étincelants. Une magnifique occasion de découvrir dans la Basilique des Rois (et des Reines !) de France cette étoile montante du chant lyrique international.

Patricia Kopatchinskaja, violoniste hors norme – « elle ose tout », dit-on souvent de cette artiste- a conçu un programme intitulé Dies irae, « jour de colère » par lequel elle souhaite apporter sa contribution à notre éveil collectif face aux enjeux écologiques. Le montage musical proposé est spectaculaire et composé d’œuvres allant de Franz Biber, virtuose du violon et compositeur du 17ème siècle, John Dowland, Antonio Lotti à Jimi Hendrix et aux Black Angels de Georges Crumb, compositeur américain du 20ème siècle. Musique ancienne, musique d’aujourd’hui, jouée sur instruments anciens ou modernes parfois électrifiés, ce parcours musical à l’instrumentarium tout sauf classique ne saurait laisser indifférent et exprime notre colère face aux dégâts causés par l’Homme à notre planète. Le spectacle est total puisque les musiciens s’emparent de tout l’espace de la Basilique. Présenté à la COP26 de Glasgow, il a fait sensation car le pouvoir de la musique nous fait ressentir au plus profond de nous-mêmes l’urgence de la situation. Le Dies irae, splendide chœur final du concert, nous saisit !

Une Victoire de la musique classique en 2021, des rôles à l’opéra qui s’enchaînent, Marie-Laure Garnier fait un début de carrière des plus prometteurs. Figure très remarquée de la jeune génération de musiciens français, Célia Oneto Bensaid forme avec elle un duo complice depuis plus de 10 ans maintenant. Pour ce premier récital au Festival, elles nous proposent la version en duo de leur dernier album qui présente aux côtés de La Bonne Chanson de Fauré et du Poème de l’Amour et de la mer de Chausson, les Trois Chants nostalgiques de Charlotte Sohy, dont l’oeuvre est récemment sortie de l’oubli.

C’est à une rencontre exceptionnelle entre le célèbre chanteur d’opéra, Sir Bryn Terfel, né au Pays de Galles et Carlos Nuñez, immense musicien venu de Galice, que le Festival vous convie. Avec la complicité très active de l’Orchestre National de Bretagne, ces deux artistes d’exception interprètent des chansons écossaises, irlandaises et galloises « arrangées » par Beethoven. Ce grand compositeur a livré à un éditeur écossais entre 1809 et 1820 des arrangements de 180 chants celtiques pour voix, piano, violon et violoncelle. Ils ont servi de base aux arrangements pour orchestre de ce concert auquel se joindront des instruments traditionnels. Une initiative éditoriale singulière qui nous permet aujourd’hui d’organiser cette rencontre étonnante et assurément source d’une joie communicative. Une grande fête en perspective pour ce concert de clôture de notre 55ème édition !