Né à Dakar de parents tchadiens en 1969, Claude M’Barali a été élevé par sa mère. Le destin aurait pu lui promettre une carrière de footballeur, mais la culture hip-hop le happe, et il devient MC Solaar. Il est réputé à la fin des années 80 comme un improvisateur hors-pair, informé par le raggamuffin, la captation de tous les savoirs et l’observation du quotidien.
C’est à l’antenne du Deenastyle qu’il présente une première version de « Bouge de là », courant 1990. Le titre sort en single dans une version plus posée à l’été 1991. Et c’est un tube. Il prend immédiatement une stature inédite : il fascine les médias, enchaîne les hits, et fait preuve d’une singularité artistique qui résonne des cours de récré jusqu’aux dîners en ville. En un mot, il est une star.
« Qui sème le vent récolte le tempo » marque l’éclosion d’un style. Sur ce premier album, MC Solaar module sa voix—charmeuse ou ferme, calme et précise—comme s’il en apprivoisait les nuances en temps réel. Son écriture ne fourmille pas encore d’onomatopées et de name dropping insatiable, mais le MC détourne déjà les proverbes et collectionne les assonances avec une curiosité enfantine.
Le disque est parsemé de personnages—Dominique, Armand, Caroline, Cassandre—que MC Solaar suit d’un regard discret, comme s’il observait le réel depuis une autre longueur d’onde. Il affirme son rang avec une fulgurance froide (« Quartier Nord », « L’histoire de l’Art »). Au détour d’une figure du style, il évoque aussi la répression des libertés, la destruction de la planète et le déclassement social. Sous l’apparente légèreté, « Qui sème le vent récolte le tempo » reste un album ancré dans les luttes et les utopies de son temps.
Il est accompagné d’Hubert Blanc-Francard (BoomBass) et Philippe Cerboneschi (Zdar), les futurs Cassius, comme un signe avant-coureur de la French Touch. Le sample est leur ADN : alors qu’aux États-Unis, le rap est déjà condamné pour atteinte au droit d’auteur, « Qui sème le vent récolte le tempo » peut encore librement emprunter ses sons à la soul Motown ou au jazz Blue Note. L’album célèbre le rap – « le swing du futur », dixit MC Solaar – comme le point de rencontre de toutes ces influences.
Cet album sorti chez Polydor a remporté un succès impressionnant qui le propulse comme l’un des premiers artistes ayant popularisé le rap en France, Sa musique et la qualité littéraire de ses textes sont le fruit d’inspirations diverses, allant de Serge Gainsbourg aux musiques africaines (ivoiriennes, maliennes, tchadiennes) en passant par les classiques noirs américains (jazz et rap US) Polydor va publier encore entre 1994 et 1997 trois autres albums prestigieux : « Prose combat », « Parasidiaque » et « MC Solaar » qui vont connaître un égal succès. En janvier 1998, MC Solaar commence une grande tournée triomphale par le Zénith dans un spectacle complet qui dépasse le cadre musical. C’est l’occasion d’offrir au public les nombreux chefs d’œuvre figurant dans ces albums. Outre « Bouge de là », « Qui sème le vent récolte le tempo » et « Paradisiaque », il y a « Victime de la Mode », « Caroline », « Nouveau western », « Séquelles », « Obsolète », « La concubine de l’hémoglobine », « Gangster moderne », « Les temps changent », « Galaktika ».
En 2001, Warner prend le relais de Polydor, avec la sortie de « Cinquième as », puis « Mach 3 » et « Chapitre 7 » avec de nombreux hits qui sont dans toutes les mémoires : « Solaar pleure », « Hasta la vista », « Inch’allah », « La vie est belle ».
Au bout de onze années d’une si grande intensité l’ayant accaparé à l’écriture, aux albums et au spectacle, il a jugé nécessaire de reprendre son souffle et les dix années suivantes, ce furent voyages à travers le monde, rencontres, rêverie et réflexion
En 2017 il sort chez Play 2 l’album au titre si visionnaire « Géopoétique » et l’un de ses succès « Sonotone » suivis d’une grande tournée dans les Zenith et à l’Accor Arena de Paris.
Le suivant prévu fin 2022 sortira sur le même label.